Улан-Удэ (partie II)

Suite et fin du voyage à Oulan-Oude, ça sera d’ailleurs plus une fin qu’une suite, enfin je vais essayer de mettre plus de photos. Reprenons donc où l’on en était resté.

Jour 2 – après une petite sieste, on part directement pour ce qui fait – avec la tête de Lénine bien sûr – l’intérêt et la renommée d’Oulan-Oude : Иволгинский Дацан, ou le Datsan d’Ivolguinsk. Situé à 23 km de la ville, soit 40 minutes en marshroutka, il est le centre spirituel bouddhiste de Russie, et attire autant de pèlerins que de touristes. Ses activités spirituelles sont marquées par les rites, la médecine et l’éducation au système traditionnel bouddhiste. L’actuel Dalaï-Lama s’y est déjà rendu trois fois, ça n’apporte pas grand chose à la visite, mais c’est quand même classe.

Pour quelques heures, on quitte la Russie, ici : les écritures sont en tibétain, on croise des centaines de statues de bouddha et bien sûr des moines en robe – à -20°C. Avant d’entrer dans le temple, il faut faire le tour de la cour dans le sens du soleil en tournant en même temps les moulins à prière. Chaque rotation est équivalente aux nombreuses réitérations de la prière. Soit, alors allons-y.

Malheureusement, la neige continue de tomber, et le ciel blanc ne joue pas tellement en faveur des photos. La visite n’en est pas moins impressionnante, d’autant plus quand on finit à l’intérieur d’un des temples du monastère, pour assister à un service, ou une prière, je ne sais pas vraiment quel est le terme adéquat à vrai dire. Pendant une heure et demie, des moines assis en tailleur chantent et lisent les prières laissées par les pèlerins. Le rite est réglé au millimètre ou presque : une bougie, un coup de tambour, je n’y comprends globalement rien et l’expérience n’en est que plus fascinante.

On raconte que dans ce Datsan, un moine enterré dans les années 1920 ne s’est toujours pas décomposé. Il est encore et toujours assis dans la position du lotus, et, à en croire certains : ses cheveux continueraient même à pousser. Il est désormais exposé au public sept fois par ans, jours sur lesquels je ne suis pas tombé, évidemment… je me rattraperai en allant voir Lénine.

Jour 3 – Programme chargé : visite du musée ethnographique d’Oulan-Oude, et ballet au théâtre. Le musée ethnographique en plein air retrace l’histoire des peuples du Baïkal à travers notamment de nombreuses expositions. Ouvert en 1973, c’est un des plus grand musée en plein air de Russie. On en apprend plus sur les groupes ethniques habitant cette région: les Evenks, les Bouriates de Cisbaïkalie, les Bouriates de Transbaïkalie, les Cosaques… rien que ça.

Une partie du musée est aussi consacrée à la nature sauvage de Transbaïkalie, en gros un petit zoo, on y voit des loups, des chameaux, des yaks et même un ours. Je ne me souvenais pas en avoir déjà vu un d’ailleurs, le tigre dans la cage d’à côté avait presque l’air d’une peluche inoffensive. La météo est déjà plus clémente, si ce n’est qu’il y’a bien 30 centimètres de neige, je vous laisse avec les photos.

Vers 17h, rendez-vous au théâtre bouriate. Le bâtiment du Théâtre académique d’opéra et de ballet de Bouriatie est d’ailleurs un des plus beaux de la ville. La construction du théâtre a débuté en 1939, puis repris en 1945 après la Seconde Guerre mondiale, il est finalement inauguré en 1952. Il a fait l’objet d’une restauration et a re-ouvert ses portes l’année dernière. Le marbre est encore brillant, les fresques sont colorées, tout est impeccable jusque dans le moindre détail. Tout est soviétique aussi d’ailleurs, jetez donc un œil aux photos. Sur la façade principale, une citation de Lénine : « Искусство принадлежит народу », ou « l’art appartient au peuple » et à l’intérieur, elle fait le tour de la salle : « … il doit plonger le plus profondément possible ses racines dans le coeur des masses

Dans la salle, la moyenne d’âge est étonnement jeune : des parents, des enfants de 10 ans ou presque, ils ont tous fait l’effort d’être bien habillés. Je ne crois pas me souvenir être allé avec plaisir voir le Lac des cignes de Tchaïkovski dans ma lointaine jeunesse, il faut croire que la Russie a toujours quelques surprises à cacher. L’ambiance est différente, bien plus chaleureuse que chez nous : avant l’ouverture, les gens discutent à haute voix, des enfants courent un peu partout. Pendant, le public applaudit, un peu trop souvent sûrement : à chaque changement de scène voire à chaque danse un peu rythmée. À la fin, chaque artiste recoit un énorme bouquet de fleur et est ovationné par le public et le ministre de la culture de la république bouriate. Alors, l’art appartient encore au peuple ou pas ?